
Interview LRob : comment devient-on administrateur système et hébergeur de sites professionnels ?
L’infogérance, la cybersécurité et l’hébergement web évoluent en permanence. Mais qui sont les professionnels derrière ces services ? Dans cette interview, Robin LABADIE – administrateur système et créateur de l’hébergeur web LRob – partage son parcours atypique, ses méthodes, sa vision du métier et ses conseils pratiques pour réussir dans l’IT. Que vous soyez passionné, entrepreneur ou à la recherche d’un hébergeur humain, découvrez un quotidien où expertise rime avec proximité et innovation.
1. Ton parcours
- Peux-tu nous raconter ton parcours jusqu’à devenir administrateur système ?
Bonjour et merci pour ton intérêt Steven. Mon parcours n’a rien de linéaire, mais c’est justement ce qui m’a permis de trouver ma voie.
Issu d’un cursus scolaire qui ne me convenait pas, j’ai rapidement préféré apprendre par moi-même. En 2010, j’ai lancé ma première auto-entreprise dans le dépannage informatique grand public. Parallèlement, passionné de musique, j’ai repris des études en technique du son, ce qui m’a redonné confiance et m’a permis de renouer avec l’apprentissage.
C’est en rejoignant une communauté en ligne ayant besoin d’infrastructure que j’ai mis en place mon premier serveur dédié sous Linux. Je ne maîtrisais rien au départ, mais j’ai adoré apprendre en construisant de zéro. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur l’hébergement, la virtualisation, la sécurité, le web, les DNS, les emails… J’ai exploré tout ça en autodidacte pendant plusieurs années.
En quête de stabilité, j’ai finalement rejoint HaiSoft en 2017, mon premier CDI, en tant qu’administrateur système. C’est là que j’ai pu professionnaliser toutes ces compétences et confirmer que j’étais à ma place.
- Quelles formations ou expériences t’ont le plus marqué ?
Ma formation initiale a été entièrement autodidacte, et c’est justement ce qui a séduit mon premier employeur. Dans un domaine aussi vaste et mouvant que l’hébergement web, savoir apprendre par soi-même et multiplier les projets reste, selon moi, la meilleure école.
Mais ce qui a vraiment marqué un tournant, c’est mon expérience chez HaiSoft. C’était la validation professionnelle de tout ce que j’avais appris en solo, et le point de départ de ma carrière « sérieuse ». J’y ai trouvé une équipe soudée, des valeurs fortes, et un terrain idéal pour approfondir mes compétences. Très vite, je suis devenu un moteur au sein de l’équipe, toujours à creuser de nouveaux sujets, à proposer des améliorations, à résoudre des problèmes de fond.
On a fait évoluer l’entreprise, ajouté des services, réduit les sources de tickets, et accru la satisfaction client. Je suis fier de cette période, et même si j’ai depuis monté ma propre structure avec LRob, je garde HaiSoft comme une référence professionnelle et humaine.
- Pourquoi avoir choisi ce métier ?
En réalité, je crois que ce métier s’est imposé à moi. Depuis mes premiers pas en informatique, c’était une évidence. J’ai toujours été passionné par les machines, leur fonctionnement, et la manière de les faire dialoguer.
Avec le temps, je suis naturellement arrivé à ce que je fais de mieux : l’hébergement web. Aujourd’hui, je gère ma propre infrastructure et accompagne mes clients avec rigueur. Officiellement, je suis administrateur système Linux, spécialisé en hébergement web et WordPress — un intitulé un peu long, mais qui reflète bien mon quotidien.
2. Une journée type
- À quoi ressemble une journée classique pour toi ?
Quand on est à son compte, il n’y a pas une seule journée type, mais plusieurs. Cela dit, certaines routines reviennent systématiquement.
Le matin, je commence par vérifier si des demandes de support sont arrivées dans la nuit, priorité à la réactivité. Ensuite, la journée s’organise entre réponses aux clients (par mail, ticket ou téléphone), gestion de la facturation, rédaction de contenus pour le blog et les réseaux, suivi du SEO et du trafic des sites hébergés.
Je m’occupe aussi de l’accueil des nouveaux clients, des migrations entrantes, et bien sûr de la supervision des serveurs, avec traitement des alerte pour anticiper les problèmes, même s’ils sont rares.
La plupart de mes demandes de support aujourd’hui sont davantage des demandes de conseil pour préparer ou mettre en place des projets, car les services tournent bien et sont surveillés, ce qui permet donc d’aller de l’avant.
Et comme je travaille de chez moi, je m’accorde une pause musicale quotidienne — un peu de batterie ou de piano pour déconnecter. C’est mon équilibre.
- Quelles sont les tâches récurrentes et celles plus exceptionnelles ?
Au quotidien, je m’occupe de la supervision des serveurs, du support client, des mises à jour automatiques, mais aussi de la sécurité : je vérifie régulièrement les blocages d’attaques, un enjeu constant en hébergement web. C’est d’ailleurs l’un des points sur lesquels je me démarque : en bloquant plus d’attaques, j’offre davantage de sécurité et de performances, car ces attaques consommeraient autrement une forte puissance de calcul, comme on l’observe chez nombre d’hébergeurs lambda.
Chaque mois, je fais un passage manuel sur chaque machine pour valider les mises à jour critiques, et j’assure la maintenance d’instances Nextcloud et WordPress.
Côté tâches plus exceptionnelles, il y a parfois des pics d’attaques ou de trafic — notamment quand certains clients passent à la télé. Dans ce cas, on anticipe avec des tests de charge. Il m’arrive aussi de gérer des projets plus techniques, comme des configurations Nginx personnalisées ou des stacks sur mesure pour des applis Symfony, avec parfois un bon défi de débugging à la clé.
Bref, aucune journée ne se ressemble vraiment, et c’est tout ce que j’aime dans ce métier.
- Quel est l’aspect le plus imprévisible de ton métier ?
Même avec beaucoup d’anticipation, il reste toujours des surprises : une mise à jour Nextcloud qui casse à cause d’un plugin, une requête MySQL capricieuse, une API externe qui tombe sans prévenir… Ce genre de situations arrive régulièrement et fait partie du jeu.
Heureusement, avec l’expérience, on apprend à garder la tête froide. L’analyse des logs est souvent la clé. Par exemple, un site WordPress en panne peut parfois être réparé en 5 minutes, mais d’autres fois, un détail invisible — comme un timeout causé par un service externe — peut me prendre une heure à diagnostiquer.
La solution est rarement complexe, mais c’est le chemin pour l’atteindre qui demande méthode et calme. Mon rôle, c’est de dédramatiser pour mes clients, de leur ôter cette épine du pied, pendant que je reste concentré sur la résolution.
3. Ce qui te passionne
- Qu’est-ce qui te motive au quotidien ?
Ce qui me motive, c’est d’abord la satisfaction client. J’aime pouvoir offrir un service fiable, humain et réactif, à mille lieues des prestataires inadaptés ou injoignables. Ensuite, il y a la satisfaction personnelle : voir mon infrastructure tourner parfaitement, optimisée dans les moindres détails, c’est très gratifiant.
Enfin, je suis porté par une vision : faire émerger un hébergeur de référence, aligné avec mes valeurs — performance, sécurité, éthique, éco-responsabilité, et qualité de service. Construire un projet à son image, avec du sens, c’est une motivation puissante au quotidien.
- As-tu une spécialité ou un domaine que tu préfères (réseaux, sécurité, cloud, etc.) ?
Difficile de choisir, car c’est l’ensemble qui me passionne. Le réseau est une base nécessaire, la sécurité est indispensable — j’aime particulièrement bloquer les attaques et protéger les ressources des clients. J’adore aussi configurer des serveurs de zéro, qu’ils soient bare-metal ou VPS, et optimiser chaque détail pour atteindre les meilleures performances possibles.
Mais s’il fallait désigner un vrai « hobbie technique », ce serait le scripting en BASH. J’adore créer mes propres outils pour automatiser, fiabiliser et gagner du temps. En réalité, je suis un passionné d’optimisation, que ce soit pour l’infra ou pour mon quotidien. Joindre l’utile à l’agréable, c’est un peu mon art de vivre.
- Y a-t-il un projet dont tu es particulièrement fier ?
Oui, sans hésiter : mon entreprise d’hébergement web, LRob. J’ai lancé l’infrastructure seul, plus tôt que prévu, et j’ai réussi à en vivre dès le premier mois — ce qui est loin d’être courant dans l’entrepreneuriat.
L’offre s’affine en continu, les clients arrivent et restent, satisfaits. J’ai su répondre à un vrai besoin, en apportant une solution gagnant-gagnant. Créer un projet viable, aligné avec mes valeurs, et qui fonctionne aussi bien, c’est une immense fierté.
4. Vision à moyen/long terme
- Comment vois-tu l’évolution du métier d’administrateur système ?
Je pense que ce métier a clairement de l’avenir. L’informatique est partout, elle continue de croître, et il faudra toujours des personnes pour gérer les machines et les systèmes.
Cela dit, le domaine est vaste et l’expertise devient de plus en plus pointue. Il ne suffit pas d’être “admin sys” de manière générale : il faut se spécialiser, affiner ses compétences, et bien observer le marché pour rester pertinent. L’adaptabilité sera la clé.
- Quelles compétences vont devenir incontournables selon toi ?
Les bases comme l’hébergement web et la virtualisation resteront essentielles encore longtemps. Mais en regardant vers l’avenir, l’IA va clairement prendre une place centrale.
Il faudra savoir gérer des fermes de calcul IA, et probablement les déployer en interne dans les entreprises, notamment pour des raisons de confidentialité. Ceux qui sauront combiner infrastructure, sécurité et IA auront une vraie longueur d’avance.
- Penses-tu que l’IA, l’automatisation et le cloud vont bouleverser le métier ?
Oui, ces technologies vont transformer notre façon de travailler, mais pas supprimer le métier. L’IA pourrait révolutionner la sécurité avec des firewalls intelligents capables de détecter spams, phishing ou attaques complexes. Il faudra donc, en tant que sysadmin, apprendre à déployer ces technologies
Cela dit, elle ne remplacera pas l’humain : elle nous assistera, nous fera seulement gagner en qualité pour l’utilisateur final et la sécurité globale des systèmes, tout en créant aussi de nouveaux défis, car les IA peuvent aussi introduire de nouveaux challenges et être utilisées de manière malveillante. L’échelle du métier va totalement changer et créer quelques nœuds au cerveau.
Cependant, avant de voir cela s’intégrer vraiment dans le paysage du web, il faudra encore que le rendement des calculs IA progresse car il serait encore trop coûteux de déployer ces technologies à très grande échelle. Avec la vitesse de progression cependant, cela pourrait arriver plus vite que prévu. Wait and see!
5. Conseils pratiques
- Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui veut se lancer dans l’administration système ?
Il faut être curieux, aimer l’informatique et ne pas craindre le changement : le métier évolue sans cesse. Peu importe par où tu commences, tant que tu explores et que tu t’investis. Observe le marché, identifie les besoins, et spécialise-toi en conséquence.
Apprends par toi-même : le web est ta meilleure école. Monte un petit réseau chez toi, expérimente la virtualisation, teste différentes distributions Linux — c’est la base de l’hébergement propre. Loue un VPS, installe, casse des choses, recommence. Et surtout : trouve-toi un projet qui te passionne. Il t’obligera à progresser, et c’est là que tu apprendras le plus.
Si tu n’aimes pas apprendre en autonomie, ce n’est peut-être pas encore le bon moment. L’auto-apprentissage est une compétence clé dans ce métier.
- Y a-t-il des erreurs fréquentes à éviter ?
Oui, plusieurs. D’abord, ne crois pas que la paranoïa est un défaut : en web, c’est une qualité. Sécurise toujours tes arrières.
Ensuite, ne te repose jamais sur tes acquis. Reste curieux, remets tout en question, creuse chaque sujet, teste toi-même plutôt que de suivre aveuglément des dogmes.
Et surtout, garde un esprit critique : ce n’est pas parce que c’est écrit quelque part que c’est juste ou adapté à ton cas.
- Quelles ressources (livres, sites, communautés) recommandes-tu ?
Pour moi, l’informatique ne s’apprend pas dans les livres. Si tu ne peux pas utiliser l’outil pour apprendre l’outil, c’est qu’il y a un souci de départ. Internet regorge de ressources : articles, tutos, forums, vidéos… Il serait réducteur d’en recommander un seul.
Google (ou DuckDuckGo), ChatGPT et les autres IA sont aujourd’hui des alliés puissants, à condition de creuser et de vérifier. Et si tu as la chance d’avoir un mentor autour de toi, n’hésite pas : un bon conseil au bon moment peut te faire gagner un temps précieux. Et si tu as une question sans réponse, il reste d’excellents forums sur lesquels tu seras déjà tombé des centaines de fois lors de tes recherches initiales, alors ose te faire un compte et poser une question bête dans la mauvaise catégorie, ça fait aussi partie de l’apprentissage !
6. Questions complémentaires pour enrichir l’article
- Quel outil ou logiciel t’est indispensable au quotidien ?
La base reste simple : un terminal SSH, un bon éditeur de texte, Firefox pour les tests, Thunderbird pour les mails, et Nextcloud pour l’organisation.
Bien-sûr une fois en SSH sur le serveur, de nombreuses commandes (donc des programmes) sont utilisées au quotidien, mais on ne va pas toutes les lister !
J’utilise aussi Plesk pour la gestion des serveurs web — un outil complet qui me fait gagner un temps et un confort précieux pour mes clients hébergés comme pour moi. Le recréer de zéro m’aurait pris des années, donc autant profiter de ce qui fonctionne bien.
- Comment gères-tu le stress ou les situations d’urgence ?
Avec l’expérience, on apprend à rester calme. Le stress n’aide en rien à résoudre un problème. Ce sont souvent les clients qui paniquent — surtout en cas de bug ou d’erreur de leur part — mais de mon côté, je garde la tête froide.
Les sauvegardes, la méthode et le sang-froid font 99,99 % du travail. On écoute, on analyse, on rassure, puis on corrige, étape par étape. Garder ce calme-là, c’est une vraie force dans ce métier.
- Quelle place pour la veille technologique dans ton métier ?
La veille est centrale. Je consulte régulièrement des sites de news IT, des changelogs, des posts LinkedIn, quelques chaînes YouTube… Et surtout, je discute avec d’autres admins ou développeurs, avec qui je partage des intérêts complémentaires.
Un aspect qu’on oublie souvent : ce sont aussi les clients qui nous poussent à rester à jour. Leurs besoins et leurs questions nous obligent à explorer de nouvelles technos. En tant qu’hébergeur, difficile d’y échapper — et tant mieux.
- As-tu une anecdote marquante à partager (incident, réussite, etc.) ?
J’en ai pas mal, mais voici deux récentes.
La première : un client s’est fait pirater son adresse mail Orange, ce qui a permis à un attaquant d’accéder à son hébergement LRob et de tout supprimer (site, base de données, mails). J’ai pu tout restaurer en 10 minutes grâce aux sauvegardes, puis j’ai pris une heure pour sensibiliser les membres de son équipe à la cybersécurité. Une belle démonstration de l’importance de la prévention… et des backups bien faits.
Et une plus légère : un de mes serveurs a été signalé comme malveillant… par un autre de mes serveurs. En cause, une boîte mail supprimée d’un côté, et un système encore actif de l’autre qui tentait d’y accéder. Résultat : auto-blocage. La sécurité fonctionnait comme prévu, mais c’était assez cocasse. J’ai bien-sûr résolu cela en 30 secondes tout en riant de la situation.
Ton mot de la fin :
Merci pour cette interview, c’était un plaisir de partager mon parcours, ma vision du métier et un aperçu des coulisses de l’hébergement web. C’est un domaine technique, mais profondément humain, où la rigueur côtoie la passion et l’envie de bien faire.
Chez LRob, on s’efforce chaque jour de proposer un hébergement fiable, sécurisé, performant… mais aussi humain, avec un vrai support derrière. Si vous cherchez un hébergeur indépendant, à taille humaine, qui prend vraiment soin de ses clients et de ses serveurs, vous êtes les bienvenus. On sera ravis de vous accueillir et de faire équipe avec vous pour que votre site tourne au mieux.